Chroniques de Stromni - Vie et Mort glorieuse d'un Tueur de Trolls.

Un jour viendra où peut être, les bardes chanteront mes chroniques au coin du feu...

Je me nomme Strommi Grumdisson Drengiling, fils de Grumdi et du Clan des Drengi, soldat au service du Roi tueur Ungrim poing de Fer du clan Angrulok et notre bonne reine Alrika. Je viens donc de Karak Kadrin - "la Citadelle des Tueurs", la plus grande citadelle septentrionale après Karaz-a-Karak, située au sud de la Passe Pic, au cœur des Montagnes du bout du Monde.


Depuis que j'ai quitté Karak Kadrin, les Dieux semblent avoir poussé mes pas dans les traces d'une drôle de troupe qui allait devenir mes comparses : un noble Sigmund aux drôles de manières, Gabrielle une robuste initiée de Sigmar, Katerina une forestière agile et un noble étrange malchanceux - Konrad - dont je ne répéterai pas souvent le nom de peur d'attirer à nouveaux les foudres de Grimnir ou d'autres créatures sorties tout droit des entrailles putrides du chaos.

Mes comparses et moi faisions route vers la citée d'Altdorf afin de proposer nos services au Prince de la Couronne Hergard Von Tasseninck qui formait une troupe de gens d'armes pour une mission périlleuse dans une région inexplorée par les hommes des Montagnes Grises.

L’excitation de pouvoir abreuver ma faucheuse de sang de peaux-vertes me faisait oublier les longues journées de marches et les caprices des cieux qui s'amusaient à nous déverser des trombes d'eaux sur la barbe pendant des lieux.

Nous arrivons en fin de journée à l'auberge-relais «La diligence». L'odeur du fumier m'aide à oublier celle de mes compagnons humains. Des palefreniers s'affairent autour d'une diligence.

Dans la salle, un aubergiste gras nous accueille comme il se doit en nous donnant l'occasion d'épancher notre soif avec une bonne bière.

Des cochers lèvent le coude en s'échangeant des blagues, tandis qu'un nobliau élégant nous propose de le rejoindre autour d'une partie de cartes, sous l’œil condescendant d'une jeune dame fort bien vêtue, accompagnée d'une grande femme portant les armes et d'une servante.

Après avoir été soulagé de quelques pièces par le nobliau, de sombres rumeurs rendent amère le délicieux ragoût du patron.

Un village des environs a été incendié par un répurgateur. Il avait découvert que les villageois étaient de mèche avec des démons.

Une femme aurait donné naissance à un enfant cornu aux pieds fourchus.

Il nous faut absolument trouver des places dans la diligence qui quittera le relais demain matin.

Après d'âpres négociations, mes compagnons obtiennent de la jeune dame glaciale – Dame Isolde – le droit de voyager uniquement sur le toit de la diligence.

Je quitte les cochers déjà bien avinés en espérant qu'ils réussiront à se réveiller dans quelques heures.

Après plus d'une heure à attendre les cochers dans la cour plongée dans une brume qui pue le maléfice, nous commençons à nous inquiéter de leur absence. Nos deux bois-sans-soif semblent ne pas s'être remis de leur beuverie de la veille. Nous devons aller nous même les tirer de leurs couches mais ivres mort, il ne faudra pas compter sur eux.

Sous la pluie, je dois me remémorer les rares fois où jadis je menais des chariots de vivres dans le dédale des tunnels sous le Karak. Et l'attelage prend enfin la route d'Altdorf. Une de nos roues ne résiste pas à une grosse pierre et nous fait tomber dans le bas côté, sous les râles et protestations des autres passagers.

Après le changement de la roue et quelques heures de cahots, à la sortie d'un virage une silhouette humaine est penchée au-dessus du corps d'un cocher. L'horreur se tourne vers nous pour nous révéler un visage boursouflé d'où la peau se décolle en lambeaux et un liquide verdâtre coule de ses yeux.

Effrayés nos chevaux brisent leurs brides et disparaissent dans les bois. Nous abrégeons les souffrances de cette âme tourmentée par le chaos. Un cri nous glace le sang, sans attendre nous accourons vers son origine. Plus loin, après le virage, des mutants s'acharnent autour d'une diligence renversée. Une créature massive à la tête petite comme celle d'un gnome massacre les chevaux agonisant. Un humain à tête de chien est allongé contre le véhicule et hurle, en se tenant le bras blessé. Un homme aux pieds crochus et un autre à la peau de lézard dévorent le cadavre d'un des infortunés passagers.

Nos flèches et lames ont raison de ces abominations.

Dans les broussailles, nous découvrons le cadavre recroquevillé d'un homme qui ressemble étrangement à l'un des notre, Konrad. Un parchemin tâché de sang dépasse de sa veste. Sigmund le seul d'entre nous sachant lire nous explique qu'il s'agit d'une histoire d'héritage : le mort – Kastor Lieberung – devait se rendre à Bögenhafen pour le toucher. Un autre morceau de parchemin portant plusieurs signatures, atteste à celui qui le portera qu'il est bien l'héritier.

Après avoir délesté les défunts de leurs objets de valeurs, une troupe à cheval de patrouilleurs ruraux arrive. Nos explications sur ces tristes événements les contentent et ils nous laissent reprendre notre chemin vers Altdorf.

Les dieux souhaiteraient-ils nous égarer dans leurs obscurs desseins ?

Depuis la découverte de son sosie assassiné, Konrad est aussi mystérieux et sombre que les thingaz du Reikwald qui nous entourent.

Heureusement, Katrina a réussit à suivre la piste des chevaux et nous pouvons enfin reprendre notre chemin vers Altdorf, où j'en suis sûr de la bière bien fraîche nous aidera à nous éclaircir les idées.

Après avoir croisé une troupe de cavaliers en armures nous arrivons éreintés à l’auberge des sept rayons.

Faire tournoyer ma Az et expédier chez Morr ces pourritures enfantées par le chaos m'a ouvert l'appétit et m'ont donné soif.

Konrad que je ne connais que depuis quelques jours, m'intrigue. Il nous a montré innocemment la marque qu'il porte sur son dos. À voir la réaction de Gabrielle, je me demande si cela n'est pas encore une fois l’œuvre des dieux sombres. Je ne peux que faire confiance à cette initiée de Sigmar car depuis que mon peuple à forger Ghal Maraz, le marteau runique de Sigmar, nos sorts sont liés.

Le lendemain, nous arrivons enfin à Altdorf. Une imposante cité construite sans aucun doute sous les conseils avisés d' ingénieurs nains .

Nous arrivons trop tard et apprenons que le Prince est déjà partie la veille. Nos espoirs de gloire, d'or et de sang impur s'envolent.

Les humains sont étranges. Des hommes nous regardent avec insistance en faisant un geste bizarre avant de disparaître dans la foule.

Katrina fait la rencontre d'un ancien ami, Josef - un batelier. Après quelques bières vidées en sa compagnie, il nous propose d'embarquer sur son navire en route vers Bogenhafen. L'idée de me retrouver sur de l'eau ne m'enchante guère. La date de mon Dunkin n'étant pas prévue dans les prochains jours.

En sortant de la taverne, nous nous rendons compte que nous sommes suivis par deux hommes qui s’écroulent subitement dans une ruelle.

Ne supportant plus d'être le jouet de certains dieux, je m'élance vers eux. Les deux hommes ont été tués par des traits d'armes de jet. Il n'y a que des elfes fourbes qui ne puissent tirer comme cela dans la nuit. Je renifle l'air nauséabond de la ruelle mais aucune effluve d’elfe n'agresse mes narines. La puanteur des elfes ou celle des peaux-vertes ne pourraient m'échapper. Je découvre que les cadavres portent une main rouge sombre tatouée sur la poitrine. Chassant les vapeurs de cervoises ingurgitées plutôt dans la soirée, je reconnais ces deux individus au comportement bizarre que nous avons croisés sur la Koenigsplatz.

Contraints de dormir en lieu sûr, nous gagnons la péniche de Josef où nous organisons des tours de garde.

Le lendemain, Josef mène son navire sur un canal aux eaux aussi verdâtres que de la pisse de troll. Lorsque nous arrivons dans un petit village sinistre, nous remarquons la présence d'un homme que nous avions vu à Altdorf.

Il disparaît dans l'une des bâtisse, une auberge nommée "l’or noir". Sans attendre, nous nous lançons à sa poursuite. Nous fouillons l’auberge en vain, aucune trace du scélérat.

La nuit suivante, nous laissons à Konrad le deuxième tour de garde. Victime encore du caprice des dieux, il encaisse une flèche dans la poitrine. Sa chute dans les escaliers nous réveille. Des brûlots jetés dans la cheminée de la cabine noircissent et rendent l'atmosphère irrespirable. Ces bandits pensent nous enfumer comme des vulgaires morveux ! « _Par Grimnir, ma Faucheuse va vous en faire passé l'envie ! ».

Une explosion projette de l'huile et enflamme la pièce. Je me précipite à la poursuite des assaillants.

Les poumons pleins de la fumée âcre, je tente en vain de rattraper l'un d'eux. Ce dernier disparaît dans l’obscurité.

Bredouille, je me décide à rentrer à bord et donnes quelques couronnes d’or pour les dégâts, au batelier.

La nuit suivante, alors que je surveillais la péniche, l'inconnu a réussit par je ne sais quel sortilège à monter à bord et parvient à blessé grièvement Konrad pendant son sommeil. Son cri réveille enfin Sigmund et Gabrielle restés à bord. Mes compagnons réussissent à venger Konrad.

Le chasseur de primes semblait en avoir après le sosie de Konrad, retrouvé sans vie dans les fourrés du Reikwald. Mais peut-on parler de hasard ou d'une volonté divine qui guiderait nos pas et actes?

Le Bérébéli de Josef continue sa longue descente du Bögen pendant plusieurs jours. Les remous du fleuve ne semblent pas améliorer l'état de l'infortuné Konrad.

Enfin, nous arrivons en vue des remparts de la grande citée de Bögenhafen. La péniche s'amarre parmi d'autres navires à un quai le long d'une des interminables berges du Bögen qui sépare en deux la place forte. Sur le port, des hommes s'agitent comme pris par une foutue fièvre attrapée sur leurs maudits navires. Des tonneaux, des caisses et des victuailles venant des quatre coins de l'Empire inondent les quais.

Nous aidons Josef à décharger sa cargaison, encaissons notre salaire et prenons congé, pressés de confier Konrad au temple Shallya le plus proche. La vie de notre compagnon est déjà entre les mains des Dieux, nous ne pouvons plus rien faire pour lui.

Nous commençons à arpenter les grandes rues de la citée et nous trouvons une auberge, près de la caserne principale de la garde. Certains de mes compagnons en profite encore une fois pour faire panser leurs plaies. Puis nous recherchons l'officine des avoués « Lock, Stöck et Barl » afin de toucher ce maudit héritage. Dépités, nous apprenons des autorités qu'en fait ils n'existent pas. Encore une fois de plus, je ne sais quel Dieu se joue de nous, en nous embarquant dans cette machination ! Mes rêves d'or s'envolent ! Toute cette histoire ne serait qu'une manœuvre, une perfidie si humaine pour attirer le sosie de Konrad dans je ne sais quel piège ou fourberie si chère aux humains. Toutes ses mauvaises nouvelles m'ont donné soif, même la bière la plus fadasse appréciée par les humains me serait du plus grand secours.

Heureusement, un événement joyeux anime la ville et nous réchauffera un peu le cœur après toutes nos péripéties. Nous sommes en pleine période du "Schaffenfest". Une énorme foire avec son marché à bestiaux, ses forains et même sa lice, pour que de drôles de cavaliers armurés lourdement s'amusent à se faire tomber dans la boue.

Nous suivons la foule de badauds et guidons nos pas vers la porte Est en quête de ce divertissement. À peine passés les impressionnantes portes de la citée, nous nous retrouvons dans le dédale des allées de la foire et de ses stands. Devant un cercle de terre entouré par des cordes, un forain invite les passants à venir défier son champion lors d'un pugilat. Bien que colossal, son champion porte le poids des années et respire aussi bruyamment qu'un orque avec ma Faucheuse dans le travers de son gosier. Dix couronnes pour vaincre ce gros lourdaud poussif, ces humains aiment vraiment gaspiller leur or.

Je relève le défi et prends place au centre de l'arène improvisée. Le colosse par je ne sais quelle ruse s'anime et se met en garde... Pas si fatigué que cela mais de toute manière, il est bien moins fort qu'un troll. Quelques coups rapidement assénés et bien placés et voilà déjà notre colosse qui fait offrande de ses dents à Grimnir. Le forain dépité me donne mon or sous les vivats de la foule qui se souviendra à jamais du nom de « Stromni aux poings d'acier ».

L'exercice physique m'a donné soif et une tournée de bière est la bien venue. Nous errons dans la fête et passons devant une grande tente arborant les armureries de la ville et gardée par deux hallebardiers. Au pilori, un vieux nain crasseux à moitié ivre-mort offre un spectacle honteux à la foule humaine. La déesse Valaya ne nous enseigne-t-elle pas la miséricorde envers les malades et les infirmes ? Gottri Gurnisson implore notre aide et une couronne d'or afin de régler son amende et racheter sa liberté.

Après tous les tours que nous jouent certains dieux, il serait dangereux de l'offenser. Mes compagnons et moi nous nous enquérons du délit commis par l'ivrogne.

Je règle l'amende et nous le plongeons la tête la première dans un abreuvoir. Il est temps pour Gottri de prendre son dunkin. L'eau se trouble et Gottri reprend un visage nain. Je lui offre autour d'une tournée de bière, une autre couronne d'or en espérant que cela lui permettra de prendre un nouveau départ. Après plusieurs chopes, nous nous quittons.

Au détour d'une allée de tentes, l'odeur de grobi agresse mes narines ! Elle vient d'un enclos et de deux chariots bâchés d'où monte la voix d'un forain qui invite une foule de curieux à venir contempler son cirque de monstres. Je dois jouer des coudes pour me frayer un chemin jusqu'à l'enclos barré d'une corde. Un drôle d'homme fantasque et son assistant nain dévoile un horrible grobi portant la marque d'une diablerie – une troisième jambe !?! Ma main caresse le manche de ma « Faucheuse ». Un gobelin à trois jambes serait une belle prise à ajouter à mon tableau de chasse.

Utilisant sa fourberie naturelle, le grobi s'échappe de sa cage et file en courant dans la foule. Je brandis ma « Faucheuse » et m'élance à sa poursuite. Très vite le petit monstre disparaît dans un trou d'aération des égouts au pieds de la muraille. Par Grimnir, je n'attendrai pas mes compagnons qui commencent à comprendre ce qu'il se passe. C'est mon peaux-verte et ma « Faucheuse » réclame son sang impur ! Je m'engouffre tête baissée dans les égouts. Je prends bien garde de ne pas glisser sur le rebord glissant afin de ne pas finir noyer dans le liquide putride qui coule en contrebas. Mon casque heurte violemment une conduite de fonte. Des étoiles obscurcissent mon champs de vision. Derrière les pas et les voix de mes compagnons qui entrent dans le cloaque parviennent à mes oreilles. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits. J'insulte le lâche grobi en khazalid et repart en courant. Après une course interminable, nous arrivons dans un boyau où l'air est encore plus mauvais qu'ailleurs. Par Grungni – Dieu de la mine ! Une poche de méthane ! Trop tard, les torches de mes compagnons déclenchent son explosion. En un éclair, l'air s'enflamme ! Projetés à terre, je contemple dépité les poils de ma barbe roussis. Je suis sûr que le gobelin n'est pas loin.

Une fois de plus les dieux se montrent cruels avec nous et nous offre une vision d'horreur. Nous tombons nez à nez avec le cadavre de Gottri Gurnisson sur lequel un gros ras se livre à un funeste repas qu'il ne finira jamais, interrompu par ma « Faucheuse ». Gottri a été sauvagement mutilé, plusieurs coups de couteau, un bras est manquant comme arraché par je ne sais quelle abomination. Sa poitrine est béante et certains organes ont disparus. Katerina – que j'aime affectueusement surnommer « Narwangli » - entreprend d'inspecter de plus prêt le cadavre. Elle semble éprouvée par cet examen. Quels êtres faibles, ces humains. Je n'ai pas le temps d'offrir une tombe décente à mon congénère mais je fais le serment de lui faire offrande de la tête du grobi assassin, par Grimnir ! Dreng thagi grobi !!!

Nos pas dans le cloaque humide nous conduisent devant une lourde porte porte où une ouverture garnie de barreaux, une fois sur la pointe des pieds, me permet de voir l'intérieur d'une salle. L'odeur écœurante du gobelin se dégage des traces sombres qui coulent le long des barreaux rouillés, c'est du sang de grobi !!!

Sans réfléchir, j'ouvre la porte qui donne sur une salle où brule une torche qui renvoie des ombres tremblantes sur un grand cerceau de cuivre posé sur les dalles du sol. Au centre de ce cercle est tracé un pentacle, au milieu duquel est représentée une tête de bête et des inscriptions en langue humaine. Les traces de sang verdâtres mènent au centre du pentacle. Quelque soit la créature qui m'a privé de ma proie, elle va le payer chère !

J'entre dans la pièce au mobilier de bois modeste et pose un pied dans le pentacle, les mains serrées sur ma faucheuse. Une fumée épaisse et fétide commence à se dégager du centre du pentacle. La fumée prend la forme d'une créature tout droit venue des plans du chaos. De la taille d'un homme, l'abomination déploie ses ailes membraneuses et exhibe ses griffes et ses crocs pointus. Le sang de mes ancêtres ne fait qu'un tour dans mes veines et je lance ma faucheuse vers ce démon. Sigmund tombé sous je ne sait quel sort semble terrorisé et reste prostré dans un coin de ce temple maudit. La créature ne semble pas dans son élément et ma Az à vite fait de la renvoyer dans son plan originel.

Mes compagnons commence à fouiller la pièce pour y découvrir un mouchoir aux initiales « F.S. » brodées. Je les aide d'un coup de Az pour fendre en deux le buffet verrouillé où ils trouvent un poignard sacrificiel tâché de sang et un crâne avec une bande de fer rivetée autour des tempes, posés sur un plateau d'argent. Je laisse ces objets maudits et range dans ma besace le plateau dont je pense pouvoir tirer un bon prix et ainsi m'offrir quelques fûts de bières.

Sigmund ayant repris ses esprits mais toujours aussi blanc qu'un pet d’elfe, déchiffre l'inscription au centre du pentacle :  « Ordo Septenarius ». Cela sonne comme le nom d'une société secrète corrompue qui s'adonne aux rites du chaos. Par Grimnir, et dire que mon peuple se bat pour sa survie dans nos Karak et que les humains fricotent avec les dieux maudits... J'aimerai noyer ses sombres pensées dans un tonneau de Bugman.

Nous décidons qu'il est grand temps de regagner la surface, l'âme encombrée de cette découverte.

Gabrielle, la prêtresse de Sigmar n'a qu'une hâte : alerter son ordre sur l'importance de notre découverte. Mon peuple et son ordre sont liés depuis que Kurgan Barbe de Fer, le Haut Roi offrit Ghal-Maraz, le marteau de Sigmar. Tous les deux, nous nous rendons au temple de Sigmar pour avertir les autorités de notre inquiétante découverte. Un templier peu affable nous reçoit et nous affirme qu'il prendra les choses en mains et que nous pouvons désormais vaquer à nos occupations comme si de rien n'était. Le royaume des hommes ne serait-il que perfidie et corruption ? C'est à se demander si le chaos n'a pas des ramifications dans les plus hautes sphères de leur société...

Nous retrouvons les autres et rassemblons nos idées sur ce que nous venons de découvrir. Nous allons devoir enquêter sur les initiales de ce mouchoir : « F.S. ».

Nous allons nous orienter vers la guilde des marchands afin de voir si un quelconque négociant ou riche marchant pourrait être lié avec cette sombre conspiration. Nous sommes reçus et vite reconduits pas les laquais aux services des connétables de la citée. Comment se peut-il que les humains ne se doutent pas du danger qui couve sous leurs pieds ?

Ayant compris que les notables résident au centre de la citée, nous tentons de voir si ces initiales pourraient correspondre avec les noms gravés sur les entrées des imposantes demeures cossues de l'Adel Ring.

Morrslieb s'amuse encore à nous projeter ses rayons lunaires verdâtres et semble même faire tourner la bière humaine. Même le ragoût de l'aubergiste ne parvient pas à me faire oublier le goût étrange de cette « pisse de chat » brassée.

Le lendemain, nous reprenons nos recherches et croisons un pauvre fou tenant plus du mendiant que du prophète. Il hurle à qui veut l'entendre que nous sommes maudits et que le Chaos est sur nous. Il énumère des chiffres, parle des astres et d'un homme qui n'en ne serait pas un...

Il y a bien longtemps que le grand peuple des nains sait que le Chaos rampe partout autour de nous et bien plus souvent sous nos pieds. Comme si cela était une découverte pour les Humains ou bien plutôt comme si cette race avait la mémoire bien courte et avait oublier les dernières incursions depuis les Désolations du Chaos.

Nous décidons de retourner enquêter dans le réseau des égouts et tentons de nous rapprocher des sous-sols des riches demeures de l'Adel-Ring. Après des heures à chercher une piste, nous découvrons une porte qui donnerait dans les caves de la résidence de la riche famille qui dirige la puissante guilde des marchants, les Teugen.

Au bout de quelques temps, nous interceptons un homme de main qui avant de piquer une tête dans le canal nauséabond et l'éternité, laisse échapper une invitation manuscrite donnant instruction à tous les membres d'un conseil de se rendre une heure après le coucher du soleil chez le sieur Teugen.

Nous remontons à la surface et passons la journée à tenter d'éclaircir cette affaire de conseil, à grand renfort de bière.

Morrslieb, juchée parmi les étoiles semble suspendue juste au dessus de la citée et bien que n'ayant avaler que quelques tonnelets de bière - je n'étais pas ivre - nous nargue et affiche un visage grimaçant. Ces foutus humains corrompus par le Chaos doivent vraiment préparer quelque chose de malsain.

À peine levés, Magirius, un riche marchant rencontré quelques jours auparavant à la guilde de son ordre, nous rend visite. Il insiste pour nous rencontrer dans un endroit sûr et à l'abri des oreilles indiscrètes. Il est effrayé et nous livre des informations sur ce mystérieux Ordo Septenarius dont Teugen serait le chef. Un rite païen où un sacrifice humain est réclamé par d'obscures puissances afin de construire un nouveau temple depuis que nous avons saccagé celui découvert sous la ville. Cette immonde cérémonie doit se dérouler le soir même dans un endroit encore inconnu mais qu'il nous fera connaître dès que possible.

Tout s'embrouille dans ma tête, des puissants corrompus, des autorités complices ou tout du moins qui prennent plaisir à détourner la tête, un rituel et tout cela sous le regard mauvais de Morrslieb qui ne cesse de se rapprocher... Je fendrai en deux un troll à mains nues pour une chope de Bugsman et éclaircir mon jugement. À quoi bon tergiverser, ma Faucheuse aura la parole finale pour nettoyer Bögenhafen de cette vermine.

En fin de journée, un jeune domestique d'une douzaine d'année amène un message de Magirius qui nous donne rendez-vous immédiatement dans une bâtisse de l'Adel-Ring.

Sur place, un domestique nous accueille et nous laisse monter dans le bureau de Magirius. La pièce semble déserte mais une odeur qui ne saurait échapper à mon odorat assaille mes narines : L'odeur de la mort. Le commerçant est étendu dans une flaque de sang derrière son bureau en bois massif, la gorge tranchée. Sur le côté du bureau, le pauvre damné a inscrit en lettres de sang un dernier message :« ENTPT » et d'un chiffre qui pourrait être « 13 » ou « 17 » .

Nous finissions à peine de déchiffrer cette funeste inscription que déjà dans la demeure résonnent des appels au secours, au meurtre et à la garde. La nasse du piège se resserre sur nous, encore un coup des Dieux.

Depuis la fenêtre de la pièce, située au premier étage, nous voyons des gardes en armes arriver. Nous bloquons la porte et sautons dans l'herbe grasse de la pelouse et effectuons une retraite vers la première ruelle dotée d'une bouche d'égout afin de semer le guet.

Nous mettons longtemps à sortir des égouts dans le quartier des quais.

Mais « ENTPT   13 ou 17 »... Hum... Ce maudit Teugen doit régner sur les quais et les entrepôts en tant que chef de la guilde des marchants.

Nous approchons du but et ma Faucheuse n'en a que trop faire de tremper dans le cloaque...

J'ai hâte de tremper la Az de mes Ancêtres dans le sang de ces adorateurs des mauvais dieux !!! Par Grimnir !!!

Nous attendons la nuit en nous dissimulant de la garde et décidons de nous rendre dans le quartier des docks. L'entrepôt 17, une grande bâtisse d'où pointe la lueur tremblante d'une lanterne.

Gabrielle, la prêtresse de Sigmar et moi-même nous infiltrons à l'intérieur parmi des caisses de vin en bouteilles qui encombre le sol. Gabrielle s'engage dans un escalier de bois qui monte vers l'unique étage et se retrouve nez à nez avec deux molosses et un gardien de nuit aviné.

Gabrielle se laisse déborder par les deux chiens et connaît très vite les puissantes mâchoires des cerbères. Par Grimnir ! Même pas le temps de goûter une de ces bonnes caisses de ce nectar ! Qu'il faut que je monte les marches quatre par quatre pour l'aider. Ma az vient à bout de ces sales cabots et nous fonçons sur le vigile. Un sévère coup expédié par la prêtresse destiné à l'assommer lui fracasse le crâne. Encore une fois, il faut croire que les Dieux prennent plaisir à se jouer de nous. Nous regardons par la fenêtre sous la poutre qui supporte la poulie qui sert à monter des cargaisons à l'étage. Les docks baignant dans l'obscurité et les rayons lunaires verts de Morrslieb sont vides. Nous laissons s'écraser dans un bruit sourd le corps du gardien afin de faire croire un accident.

Nous rejoignons Narwangli et Sigmund restaient à faire le guet sur les quais et nous dirigeons vers l'entrepôt 13.

Surgi de nulle part des gros bras nous encerclent. Ils vont payer leur insolence mais les coups de ces malandrins pleuvent comme guider par la sournoise Morrslieb. Un voile de ténèbres obscurcit ma vue et les étoiles se mettent à danser dans le ciel avant que je ne perde connaissance.

La tête endolorie et saucissonné comme un vulgaire jambon de Tilée, je reprend conscience ligoté à la charpente d'un entrepôt. Prudemment, j'ouvre un œil et balaye l'endroit. Une foule d'adeptes du Chaos vêtus de longues robes arborant un symbole maudit représentant une tête de bouc au milieu d'une étoile à cinq branches.

Ces malades corrompus se tiennent debout autour d'un vaste pentacle tracé sur le sol et récitent des paroles impures.

Une pauvre femme pieds et poings liés se tortille devant Teugen qui psalmodie une incantation dans une langue interdite.

Je tire sur mes liens mais rien y fait par Grimnir et je n'arrive pas à les briser.

Le dément lève au-dessus de la pauvre victime un poignard et le plonge dans sa gorge. Le sorcier arrache le cœur de la sacrifiée et en fait tomber des gouttes sur le pentacle.

Sigmund, Gabrielle et moi tirons de toutes nos forces sur nos liens en vain. Miraculeusement, Narwangli - la forestière – ne s'est pas fait capturée.

La folie des sectateurs et leur horrible chant ne cessent de s'intensifier.

Réduits à l'impuissance par je ne sais quel sortilège, privés de nos armes. J'implore Grimnir de pardonner mon impétuosité pour avoir fonce tête baissée sous les coups des hommes de mains de Teugen. Mais quand la foutu roue du destin va-t-elle enfin tourner en notre faveur ?

Le pentacle s'est ouvert tel un puits sans fond vers le monde de ces pourritures du Chaos. Un flot de lumières aux étranges couleurs éclaire l'assistance en délire. Teugen suit un homme qui saute dans le vide.

Au bord du désespoir, heureusement que Katerina nous jette discrètement sa dague.

Du portail maléfique, un énorme tronc, amas de chairs gluantes et putrides s'étire vers la toiture de l'entrepôt en agitant des tentacules horribles bardées de dents acérées.

Les tentacules se jettent sur les adeptes du Chaos, s'en emparent et les précipitent vers les abîmes. Les cris de leurs complices les sortent brutalement de leur transe. L'abomination palpitante continue sa course vers Morrslieb et commence à cracher des sphères lumineuses et gluantes vers les cieux.

Les conspirateurs pris de panique tentent d'atteindre les lourdes portes closes de la bâtisse, n'hésitant pas à pousser vers le trou leurs congénères les plus faibles d'entre eux. Sous les hurlements de terreur, certains finissent piétinés sous les pas de l'assemblée en délire.

Les tentacules en profitent pour prélever leur tribus d'âmes et de sang dans la foule amassée devant les battants de chênes bloqués de l'extérieur. Comprenant qu'ils sont coincés comme des rats, les hérétiques grimpent les escaliers vers l'étage, à la recherche d'une fenêtre.

Nous nous tortillons comme des damnés et parvenons à trancher nos liens. Les tentacules avides de proies manquent à plusieurs reprises de nous faire connaître le même sort que ces malades d'humains.

Un choix horrible s'impose à moi pendant une fraction de seconde : sauver ma vie ou sauver ma Faucheuse, la Az de mes ancêtres.

Nous détalons, grimpons les marches quatre par quatre vers notre salut. Nous sautons vers la rue. Partout autour de nous des sphères crachées par la colonne de chairs s'abattent sur la ville. Des incendies embrasent la citée.

Nous courons vers les rives du Bögen afin de gagner l'appontement de la péniche, le Béribéli. La populace livrée aux crocs et griffes de créatures horribles à la couenne rose ou bleue, est massacrée sans pitié.


Josef, le bâtelier, largue les amarres de l'esquif. Une horreur bleu tombe du ciel, l'empoigne et bascule avec lui dans les flots du Bögen. Pauvre vieux, il n'a même pas eu le temps de pousser un cri...

Nous sautons à bord et tranchons les dernières amarres.

Le Béribéli s'arrache lentement du quai et se laisse lentement porter par le courant, nous éloignant de ces visions de fin du monde.

Nous réalisons que Narwangli - Katerina, n'est pas des nôtres. Elle s'est sûrement échappée par ses propres moyens. Que Valaya veille sur elle...

Dans ma tête le remord m'assaille... La Az de mes ancêtres perdue... Ma témérité nous a conduit tout droit dans les bras de ces hérétiques... Et par ma faute, le Chaos s'est déversé sur le Vieux Monde... entachant à jamais l'honneur de ma lignée...

Le prix que je devrai payer sera d'emprunter la voie des Drengi... Le rachat de mes fautes par une mort honorable.

J'entamai de me raser le crâne à l'exception d'une crête qui partait de ma nuque jusqu'à mon front.

Quelques jours plus tard, au détour d'un méandre de la rivière Bögen,nous recroisons la route de Katerina qui avait réussit à quitter la citée sur un cheval.

J'ai récupéré de la graisse animale afin d'ériger une haute crête qui part de ma nuque jusqu'à mon front. De la teinture orange vient parachever la marque des Drengi, des tueurs.

Débarrassé de toutes possessions mis à part mes braies de cuirs et bottes, mon regard se perd pendant des jours dans les flots verdâtres de ces flots maudits.

Cette grosse hache de bûcheron trouvée dans la cale ne remplacera jamais ma Faucheuse mais elle devrait faire l'affaire pour gagner une fin honorable.

Nous accostons enfin dans une petite bourgade à mi-chemin sur la route d'Altdorf, Weibruk. L'un de mes compagnon y aurait une connaissance apothicaire qui pourrait nous fournir quelques baumes et onguents.

Après s'être renseignés dans une taverne autour d'une chope de bière, nous apprenons sans difficulté l'emplacement de la demeure de cette apothicaire, Elvyra Kleinestun. Une maison en bon état avec des signes de sensiblerie typiquement humain, des fleurs accrochées aux fenêtres.

Nous frappons à la porte et obtenons aucune réponse. Nous gagnons l'arrière de la bâtisse et voyons qu'une fenêtre est cassée. Nous nous introduisons à l'intérieur et trouvons partout autour de nous des signes de lutte, meubles renversés, mobilier cassé...

Les poings serrés autour du manche de la cognée de bûcheron, j' hume l'air à la recherche d'une odeur suspecte. Malheureusement trop de poudres et herbes médicinales odorantes gisent sur le sol dans les débris de pots de terre cuite brisés et m'empêchent de discerner une quelconque piste intéressante.

L'un des nôtres trouvent un morceau de parchemin tâché de sang sur lequel quelqu'un ordonne qu'on lui livre des marchandises avant la tombée de la nuit, à la Grange rouge.

J'ouvre la porte qui mène à la cave et là, une ombre bouge devant moi dans l'obscurité. Prudemment, je descends les marches qui craquent à chacun de mes pas. À mi-parcours, une marche manque et pourrait précipiter l'un de mes compagnons plus myopes qu'un rat aux yeux crevés au fond d'un tunnel. Je les met en garde et somme l'ombre de pointer le bout de sa tronche, histoire de venir à la rencontre son destin et de ma hache.

Sans réponse, je dois me décider à aller la débusquer. Dans la cave, derrière des caisses et un tas de vieux draps, une petite forme sentant aussi fort qu'un grobi tremble de peur.

Une fillette apeurée et sale se terre dans cette piètre cachette. Je lui fait mon plus sourire histoire de la rassurer mais cette petite souillon se met à hurler et pleurer... Maudit mioche humain !

Les présences de Katerina et Gabrielle permet enfin de calmer la petite humaine. Elle nous explique alors qu'elle travaille pour l'apothicaire Elvyra. Des hommes seraient venus il y a deux jours et après avoir beaucoup crié et tout cassé, ils étaient repartis et Elvyra aussi. Elle s'est cachée dans la cave et nous entendant s'est risquée dans l'escalier.