Gast fait appel à Sleipnir pour convoyer le tribut annuel du village jusqu’à Istaad, un bourg côtier de 300 âmes. Lui seul est à même d’assurer la sécurité des précieuses denrées contre la convoitise des bandits et des créatures voraces qui rôdent autour des chemins. Sleipnir, touché par cette marque de confiance totale, accepte bien volontiers. Le voyage est fort paisible, sans doute les maraudeurs auront été repoussés par l’incroyable sérénité de Sleipnir. Les abords d’Istaad sont verdoyants, les moutons se régalent d’une herbe bien grasse légèrement iodée tandis que les branches des vergers ploient sous le poids des fruits. Un amical représentant des gens du cru prend en charge la marchandise, mais quelque chose attire l’oeil aiguisé de Sleipnir.
Dans les eaux calmes de la crique, mouille à quelques encablures du quai un unique navire noir à trois mâts. La flottille de pêche est à quai, et les bateaux marchands qui devraient faire escale en cette saison sont étrangement absents. Un passant affirme que le trois-mâts effraie les négociants et que nulle personne n’a pu l’approcher, les courants repoussant systématiquement barques et nageurs. L’homme est convaincu qu’une malédiction est à l’oeuvre, probablement des fantômes. Sleipnir qui s’y connaît en navire fantômes pour avoir voyagé sur l’un d’eux est sceptique, il ne relève nulle trace éthérée caractéristique. L’échevin Astrakhan engage Sleipnir en tant que médiateur expert pour éloigner cet importun qui nuit au commerce.
A la nuit tombée, le quartier du port subit une attaque. Un entrepôt est la proie des flammes, des habitants jettent des seaux d’eau tandis que d’autres paniquent en criant aux démons. Sleipnir blesse une créature à l’aspect bestial qui disparaît dans l’épaisse fumée de l’incendie. Il n’est pourtant pas dupe. Malgré les artifices employés, c’est bien du sang humain qui perle sur sa lame, ce que confirme le goût. L’excès d’humeurs dans le sang qu’il diagnostique pourrait d’ailleurs expliquer l’agressivité du mystérieux assaillant malgré son début de grossesse.
Un jeune homme rapporte avoir entendu une conversation en langue commune, bien qu’avec un accent étrange. Les pirates se replient sur une crique à proximité. Il se propose d’emmener Sleipnir, mais ce dernier refuse de mettre en danger quelqu’un d’autre que lui et se fait simplement indiquer l’emplacement. Il se dirige ensuite à la lumière des étoiles et active ses puissants biceps pour propulser l’imposante embarcation qu’il a empruntée. Des torches déchirent la nuit sur une plage lointaine. Fort heureusement, Sleipnir imite à la perfection une baleine surgissant des eaux et parvient à mystifier les deux sentinelles pour aller accoster à l’abri des regards.
Un escalier dérobé grimpe dans la falaise. Il est agrémenté de sculptures anciennes, de piliers et de gravures. Sleipnir les immortalise au fusain tout en gravissant les marches. Une arche se découpe dans la paroi, surmontée d’une imposante tête de dragon en pierre. Une flaque de lumière révèle un garde assoupi. Plus loin, des bandits s’égayent autour d’une piste de dés dans une pièce adjacente. Sleipnir, parfaitement polyglotte, décide de se joindre à eux pour se détendre. Malheureusement les malfrats perdent leur sang froid face à la chance légendaire de Sleipnir dont la tête dépasse à peine de ses gains. Actant leur manque de coopération, il est contraint de faire contre bonne fortune bon coeur, les éliminant miséricordieusement. Une réserve recèle une cargaison de tissus et d’épices, le fruit des rapines des scélérats. Un coffret renferme un petit trésor de pièces et de gemmes, une dague d’obsidienne et un élégant pendentif en losange contenant un tourbillon d’un liquide noir au bout d’une chaîne d’argent. Au niveau inférieur, une porte noire est scellée par magie. Dans une geôle, Sleipnir délivre une beauté à la peau d’albâtre, aux pupilles noires et aux iris violets. Bien que sous son charme, cette affabulatrice prétend être venue à bord du navire noir depuis un autre plan. Férimé dit avoir besoin de son médaillon pour survivre.
Le retour au village en compagnie de l’étrangère ne passe pas inaperçu en raison de son apparence hors du commun. Sleipnir relate à l’échevin les avancées de l’enquête. Un interrogatoire poussé de Férimé ne met en lumière aucune incohérence dans son récit. Après une soirée passée à régaler l’auberge d’un petit concert, Sleipnir et Férimé repartent le lendemain à destination de l’ancien complexe. La double-porte noire massive qui était restée close s’ouvre en exhalant un air vicié. Les ruines ont subi les outrages du temps, les outils et ustensiles se désagrègent au toucher. Une salle abrite une créature à l’air malfaisant à proximité d’une pierre sur un piédestal. Sleipnir reconnaît au premier coup d’oeil la mythique pierre d’Al’Kazhar réputée pour ses pouvoirs de guérison. Elle a été habilement utilisée pour sceller le mal. Un ratelier présente un assortiment d’armes antiques intactes. Plus loin, Férimé s’extasie devant une orbe de ténèbres tourbillonants, l’Eloa, la source d’énergie du peuple Dealan Sleipnir esquisse un sourire : ce doit être la première fois qu’elle en contemple une. Alors qu’elle s’en empare avidement, des squelettes se relèvent et des ombres se matérialisent. Sleipnir éradique les importuns et la belle chavire devant son esprit chevaleresque. Après une longue étreinte, c’est une Férimé déchirée qui repart à bord de son navire.
Dim 7 Avr 2019 - 20:39
