Rose des Vents Montpellier
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Rose des Vents Montpellier

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 #1 - Les liaisons dangereuses.

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#1 - Les liaisons dangereuses. Empty
MessageSujet: #1 - Les liaisons dangereuses.   #1 - Les liaisons dangereuses. Icon_minitimeDim 6 Jan 2013 - 12:10

Citation :
Fiche médicale improvisée - Extrait

Patiente : Denitza Chemenkova
Profession : Voyante
Âge : La quarantaine
Origine : Roumanie 

Symptômes : Angoisses, cauchemars, palpitations, insomnies, stress.

Notes : La patiente raconte avoir vu sa mort dans une « vision ». Une histoire de loup (prédateur sexuel ?...). Aucun signe de mauvais traitement.
Je penche pour une crise d'angoisse à l'approche d'une représentation importante.
Traitement donné : du laudanum devrait la calmer et l'aider à dormir jusqu'au soir.

Le traitement n'a pas eu l'effet escompté : la patiente s'est enfermée seule dans la salle d'eau. Bruits de lutte et cris d'horreurs. La pièce est sans dessus-dessous. Denitza est retrouvée sur le balcon d'à côté, inconsciente, une cicatrice sur l'abdomen. La cicatrice semble dater de plusieurs années. Ne l'avais-je pas vu ? Qu'est-ce qui s'est passé ? La chemise de nuit semble déchirée au même endroit. Du sang séché...


La représentation se déroule bien. Le stress semble s'être dissipé. Le spectacle est très étonnant. Elle a hypnotisé un homme français avec lequel j'ai dansé, il a su dire tout ce qui se trouvait dans le sac d'une femme de l'assemblée. Il semble avoir un faible pour moi.
Est-elle réellement dotée de ces talents ? Ses crises peuvent-elles être liées à de tels pouvoirs ? Si c'était réel, l'esprit pourrait-il le supporter ?

Le français se révélera être un voleur. Avait-il vu dans le sac de la femme avant ? Etait-il le complice de Denitza ?
Cohue durant l'interpellation du français, je perds de vue Denitza. Le français s'échappe. Une femme est inconsciente au sol et nécessite une réanimation d'urgence. Je suspecte une overdose, mais rien dans ses affaires ne m'indique de quoi. Elle n'a pas le niveau de vie pour une telle soirée. Est-elle complice du français ?
Une fois qu'elle est sur pieds, le maharadjah s'en entiche tout de suite.

**

Citation :
Correspondance inachevée (en français) - Morceaux choisis


L'arrivée de la police avait suscité une certaine cohue. D'une part les employés, de l'autre les duchesses et autres bourgeois outrés, nous étions parés à subir des interrogatoires, même si je me doutais que le côté musclé ne serait que pour nous.
J'ai été interrogée par un certain Doug Hilgram, un espèce de stéréotype du policier pure souche ayant passé trente ans de bons et loyaux services pour son pays. Sa moustache frémissait à chaque fois qu'il m'adressait la parole, et son haleine puait l'alcool jusqu'à l'autre bout de la pièce. Tu aurais vu ça ! Cet homme m’écœurait. J'essayais d'être calme, mais l'idée d'être expulsée me terrifiait.
A présent, je ne peux m'empêcher de me demander : et si le médecin était complice aussi ? Après tout, c'est lui qui m'a entraînée là-dedans...

Le lendemain matin, des policiers sont venus chercher Denitza pour une convocation et ont fouillé l'appartement à la recherche de drogues. Qu'a-t-elle dit pendant son interrogatoire ? Nous les avons suivis après quelques protestations de Denitza. Elle semblait calme malgré la situation et a été emmenée voir un spécialiste des psychotropes. Je n'ai pas eu le droit d'assister à l'entrevue, mais Denitza m'assure qu'il n'y a rien eu d'intéressant.

Je l'ai accompagné le soir lorsqu'elle décida de rendre visite au maharadjah avec Wallace. Après une longue attente dans la bibliothèque, j'ai fait quelques pas dans le couloir et un bruit bizarre a attiré mon attention.Il y avait une pièce fermée depuis le couloir. Tu aurais été là que tu ne l'aurais pas cru ! Moi-même j'avais du mal à comprendre. A travers le trou de la serrure, je ne pouvais voir grand chose, mais la pièce était capitonnée, et je voyais un pied de femme. Qui s'amuse à avoir de telles pièces chez lui ? … Surtout dans une demeure pareille. Je sais que les murs de toutes les maisons renferment des secrets, chez nous aussi il y en avait, mais là cela dépassait presque l'entendement.
Denitza a voulu y jeter un coup d'oeil, et je l'ai retrouvée avec la femme que j'avais ranimée la veille. L'interrogatoire que j'ai subi m'avait complètement fait oublié jusqu'à son existence ! J'aurais dû normalement m'assurer qu'elle était prise en charge par l’hôpital, et pas par ce maharadjah ! C'est là que tout à dérapé..
La femme nous racontait des choses sans sens : « qu'il » l'avait emmenée dans la cave, « qu'il » lui avait fait écouter une musique (« dans mon âme, dans ma tête »), et qu'elle avait vu une ombre. Elle parlait d'un mur qui s'est ouvert, et d'une griffure d'argent. Elle était visiblement désorientée et n'avait plus tous ses esprits. (« Il m'a touchée avec sa langue »)

Et là ! Là j'ai cru que tout était fini : un homme du maharadjah est venu récupérer la femme pour la remettre dans la chambre et repartir. J'ai eu beau protester, il ne m'a accordé aucune attention ! Je n'avais même pas l'impression qu'il était conscient de notre présence. Son regard était comme... vide.
Denitza est alors retournée à la bibliothèque, aussi inerte à mes questions que l'homme, et a carrément essayé d'ouvrir un morceau verrouillé de la bibliothèque. Je commençais à me dire qu'elle faisait une nouvelle une crise. L'arrivée de Wallace et du majordome arrêta son action, et nous avons gentiment été mis à la porte. Wallace, lui, était bien en colère.

Tellement en colère, que lorsqu'il me déposa devant chez moi pour que j'aille chercher mes affaires, il est parti en laissant Denitza sur le trottoir ! Quel genre d'homme fait cela ? Mais je dois avouer que les événements de la soirée ne me laissaient pas vraiment le temps de penser à l'éducation de Wallace. Je voulais des réponses de Denitza à propos de son étrange comportement, mais elle n'eut pas le temps de me répondre. Deux hommes à l'accent gallois nous ont attrapés et ont commencé à nous parler de pierres. Heureusement le combat a tourné court quand un autre homme, un certain Sweeney, est venu à notre secours. Il était à la fin salement amoché, et nous sommes retournés chez moi avant l'arrivée de la police pour le soigner.

[...]
**
Citation :

Extrait des notes sur la fiche médicale.

L'ombre dont avait parlé la femme chez le maharadjah était la même que celle qui avait attaqué Denitza dans la salle de bain la veille, et lui avait infligé sa blessure. Du moins c'est ce qu'elle nous dit. C'était la même créature qu'elle avait vu dans sa vision quant à sa propre mort, un genre de loup immense qui était passé à travers le mur. Elle n'a aucune idée de ce que c'est, mais pense trouver une réponse dans un des livres du maharadjah qui porte une griffure d'argent sur sa tranche. Je me demande si elle ne divague pas, mais elle paraît extrêmement calme. Je suis trop confuse pour vérifier comment elle va plus en détail.
Sweeney nous dit travailler pour un certain Phelps qui doit un service à un sergent (Sergent Cunningham). Il devait nous suivre et s'assurer que rien de grave ne nous arrivait. Néanmoins nous savons à présent que la police nous assimile toutes deux au vol des bijoux, et qu'elle nous surveille. Les deux hommes étaient là pour retrouver les bijoux pour leur compte. Comment nos noms sont-ils sortis aussi vite ? Et surtout pourquoi ?
**
Citation :

Correspondance inachevée (en français) - Morceaux choisis

Denitza insistait pour se rendre à Oxford afin de faire une recherche dans leur bibliothèque. Nous avons rencontré le fameux Phelps sur le quai de la gare, et honnêtement je ne savais pas vraiment pourquoi il était là. Pour moi, il venait nous surveiller pour le compte de la police.

Et là, les choses devenaient de plus en plus étranges. Sincèrement je me demandais si je ne perdais pas la tête. J'en ai vu beaucoup, des gens qui confondaient fantaisie et réalité sans s'en rendre compte. J'avais l'impression que ça m'arrivait. Tu ne devineras jamais, vraiment ! Une momie en costume s'installa à côté de nous... La seule chose qui me faisait comprendre que ce n'était pas moi qui perdait l'esprit, était bien parce que tout le train, au vu des regards et murmures étonnés, était aussi surpris que moi. Denitza sortit du wagon avec précipitation et je la suivis. Je ne pensais pas voir le jour où je serais poursuivie par une momie. L'ambiance était telle que lorsque cet assortiment de bandages m'attrapa l'épaule je me mis à crier, rendant Denitza parfaitement hystérique. S'ensuivit une confrontation pendant laquelle Sweeney arriva encore à notre secours, cassa le bras de la créature, et j'en profitais pour lui asséner un coup de scalpel qui manqua de peu sa gorge. Voir le sang de cette momie nous rendit à tous nos esprits, et je ne peux dire ce qui nous a pris. Cette réaction était parfaitement excessive...

Phelps amena notre momie dans un compartiment de l'autre wagon où j'essayais de voir comment la soigner. Le contrôleur posa quelques questions, mais fini par partir appeler une ambulance pour le prochain arrêt. Sous les bandages, c'était un étudiant en non-état de décomposition. Nous avions fait une erreur monumentale. Ce genre de réaction ne me ressemble pas du tout !
Après cela c'est un vampire que l'on vit dans le wagon. Qu'est-ce qui nous prenait ? Cette fois nous sommes restés calmes, trop occupés à nous débarrasser d'un journaliste, un certain Tellerman qui avait certainement vu une partie de la scène de la momie, mais à Oxford, il nous proposa son aide pour nous repérer sur le campus. Une aide tout de même bienvenue...

Les choses continuaient à être étranges... Sur la route nous vîmes un homme prêt à sauter de son immeuble ! Tout un attroupement se formait en bas, et il s'avérait que l'homme voulait sauter dans la rivière en bas de l'immeuble. Il en ressorti juste avec une blessure sur la jambe, mais la police qui arriva était plutôt contrariée.

A la bibliothèque, Denitsa et Tellerman ont interrogé un professeur de parapsychologie, mais n'ont rien appris rien d'intéressant. Tellerman nous proposa de nous raccompagner en voiture à Londres. Pour Denitza, cette journée était un bel échec

Elle voulu néanmoins s'arrêter chez une duchesse rencontrée lors de la soirée au club impérial pour lui tirer les cartes et ramasser un peu d'argent. Il y avait une étrange marque au cou de la duchesse. Elle refusa de me laisser l'examiner. Dois-je croire à tous ces contes à présent ? Des momies, des vampires ? Vraiment ? D'après notre cartomancienne, c'était probable...

[…]

Nous rentrions donc dans le Corner, invités par les « amis » de Sweeney. Il les avait entendu parler des événements étranges qui s'étaient déroulés sur le campus dans la journée. A l'intérieur, l'endroit était surtout bondé d'étudiants, comme il fallait s'y attendre. Il y avait à un endroit plein de photos des événements de la journée, dont plein que nous n'avions pas vus -et heureusement, sinon je me serais présentée de moi-même à l'hôpital le plus proche !

Mais les surprises ne s'arrêtaient pas là ! Il y avait dans la salle certainement l'homme le plus recherché de Londres en ce moment. Certes, il se faisait appeler « le prince de la lune » et il n'était plus grimé comme il l'était deux soirs plus tôt, mais ce fut le français qui me salua, je peux te le jurer ! Son charme est bien unique, je pouvais le reconnaître même à présent qu'il était blond et n'avait plus de barbe. Je sais que tu m'as toujours trouvée trop romantique, mais que veux-tu ! Je crois bien que c'est plus fort que moi...
C'est certainement autre chose que son charme qui alerta Sweeney et Denitza, qui eux, n'étaient pas vraiment touchés par la beauté et l'élégance de cet homme. En tous les cas, ils me prirent à part et me demandèrent de discuter avec lui et de lui demander de cambrioler le maharadjah. Denitza voulait vraiment ce livre. Cette solution n'incluait rien à propos de la pauvre femme prisonnière...

C'est donc sous les regards de Sweeney et de Denitza que j'abordais le « Prince ». Après une danse, nous nous sommes assis avec nos chaperons respectifs pour discuter affaires. Il semblait embêté à l'idée de devoir cambrioler le maharadjah, je ne comprenais pas pourquoi, et il me demandait en échange une nuit d'amour -ce que notre bonne éducation me fit refuser tout de suite, tu t'en doutes. Nous lui promettions une certaine renommée -cambrioler le maharadjah, quand même !- mais il restait plutôt hésitant. Les dandys à côté de lui l'encourageaient pourtant, et j'espérais que cela le ferait changer d'avis.

[…]

L'arrivée de la police avait brassé dans le Corner une cohue indescriptible. Sweeney nous fit sortir de là avec Denitza, et nous nous empressions de nous éloigner le plus vite possible. Aucun signe de Phelps ou de Tellerman. Après un peu d'attente, nous prenions une chambre dans un hôtel.

[…]

Après notre rencontre fortuite avec Tellerman, nous nous dirigions vers l'hôpital où nous savions avoir envoyé notre « momie ». Il était visiblement déjà sorti, et nous décidions de rentrer à Londres. Je devais pour ma part retourner travailler. En route, Tellerman nous montra à nouveau l'étendue de son talent de conducteur en nous envoyant directement dans le paysage. Décidément, je ne remonterai plus en voiture avec lui ! Le choc avait fait pas mal de dégâts à ce pauvre journaliste mais heureusement pour lui, j'ai toujours sur moi un petit nécessaire pour les premiers secours.
Denitza s'intéressait beaucoup à son histoire de voiture possédée, mais honnêtement, je pense qu'il se cherchait des excuses.

[...]
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MessageSujet: Re: #1 - Les liaisons dangereuses.   #1 - Les liaisons dangereuses. Icon_minitimeJeu 17 Jan 2013 - 19:02

Citation :
Correspondance inachevée (en français) - Morceaux choisis


Après tout ce temps passé à suivre Denitza, une part de moi était bien contente de reprendre le travail. Les cliniques sont calmes, sereines, et s'emploient à des rituels journaliers rassurants. Je savais n'y croiser aucun loup, aucun vampire. La pire espère que je pouvais croiser était cette infirmière infâme. Heureusement, je sais garder mon sourire devant elle, surtout lorsqu'elle croit bon de s'énerver contre moi. Je crois que cela l'énerve.
Elle m'avait assignée au poste de Mathilde, une infirmière qui s'occupait d'une partie des patients les plus prestigieux de la clinique et qui ne s'était pas présentée à son poste. Je m'employais donc à une tournée nouvelle, à prodiguer des soins à des patients que je ne connaissais pas du tout. Mais à passer les deux derniers jours à voir le mal partout, je m'étonnais à continuer cette drôle de gymnastique.

Les patients de cette aile étaient tous catatoniques, ou presque. Néanmoins je compris que la nuit avait été passablement agitée, puisque les patients avaient presque tous fait des cauchemars, et s'étaient mis à crier, rendant le personnel très tendu. Mais ce matin, tout était revenu à la normale. J'essayais de discuter un peu avec les patients, mais aucun n'était réellement là.
En plein milieu de la tournée, mon infirmière préférée est venue me dire que le médecin me demandait dans son bureau. Un peu étonnée, je m'y suis rendue en me demandant à quelle sauce j'allais être cuisinée. Ce médecin est tout à fait charmant, et quelques jours auparavant j'étais toujours sous son charme, mais je commençais à me poser des questions. J'en avais d'ailleurs aussi pour lui, et dans un sens cet entretien tombait à pic. Enfin, c'est ce que je me suis dit jusqu'à ce que je me rende compte que deux garde du corps se tenaient devant la porte. Je leur adressais mon plus beau sourire avant de rentrer. Ça n'annonçait que le maharadjah, non ?

En un sens, c'était le cas. Dans le bureau, pas de trace du médecin, mais une Elizabeth Adler ! Celle-là même que j'avais réanimée au club impérial... Le médecin avait réussi à retrouver son nom, et je comprends pourquoi à présent ! Mes soupçons s'intensifiaient, mais je devais comprendre pourquoi j'étais là, et pas le médecin. Il y avait des notes sur le bureau avec des indications. Il était prescrit une dose de cocaïne absolument inhumaine.
Je me suis donc mise à discuter un peu avec Elizabeth, et cela n'arrangeait pas mes doutes. « J'ai été malade », me dit-elle avec une voix enfantine. « Mon papa m'a dit que j'ai été malade ». Les réponses étaient de plus en plus étranges. Quand je lui demandais comment elle s'appelait, elle me répondit qu'elle se nommait Karen et qu'elle avait neuf ans, et quant à savoir qui était son père, « Mon papa se fait appeler comme un riche indien ». Aucun doute qu'elle parlait du maharadjah ! Quel genre de chose avait-elle subit pour me répondre ainsi ?

Elle avait quelques marques de blessures, de la maltraitance sans doute, mais rien de bien grave. A court d'idées, je lui donnais la cocaïne, en une dose bien plus humaine, et Elizabeth semblait reprendre un peu ses esprits. J'en profitais pour avoir de meilleures réponses, puisque cette fois elle me reconnaissait. J'appris qu'elle avait été invitée au club impérial par Edward Wallace, un vieil ami à elle. Depuis, elle venait ici une fois par semaine pour recevoir son traitement, et retournait chez le maharadjah ensuite, mais il m'était impossible de savoir ce qui se tramait chez cet homme. Rien que mentionner sa condition la faisait pleurer et la renfermait sur elle-même.
« Venez me voir de temps en temps », me dit-elle. « Comment ? », lui répondis-je, et elle me donna un moyen d'entrer dans une des demeures les plus prestigieuses. Il y avait dans le jardin de la propriété d'à côté une petite porte, de celles qu'on utilisait pour amener le charbon, un petit soupirail qui permettait d'accéder à l'endroit où était retenue Elizabeth. Elle me raconta qu'elle y passait parfois pour prendre l'air, mais n'avait pas envie de s'échapper. Elle n'avait rien d'autre, personne qui l'attendait, et cela me surpris encore plus. Qui accepterait de se faire maltraiter pour la simple raison que personne ne l'attend à la maison ? A tous hasards je lui demandais si elle connaissait un français, un homme capable de l'aider à sortir de là, et cela ne sembla pas vraiment lui parler. Mais les gardes entrèrent dans la pièce, et appelèrent « mademoiselle Adler ». « Je vous laisserai une clé », lança-t-elle avant de partir.

Un peu perplexe, je restais quand même pour prendre quelques échantillons de ce qu'avait le médecin en stock, et je repris le cours de ma tournée. Il faudrait que je parle de cela à Denitza ! Elle serait heureuse de trouver un moyen de se rendre chez le maharadjah sans passer par le Français.

[…]

Le nombre de catatoniques que renfermait cette aile était plutôt étrange. Les noms m'étaient familiers pour la plupart, c'étaient des familles connues, et cela expliquait l'apparence entretenue des malades. Leur condition paraissait récente au vu de la bonne musculature qu'ils avaient encore, mais j'apprenais qu'un kiné venait régulièrement. Ils avaient tous la trentaine, et la date des premiers soins reçus remontait à 1913.

[…]

Un des malades parlait. Ça m'apparaissait sur le coup comme une aubaine, j'aurais bien voulu en savoir plus sur ces cauchemars, néanmoins l'homme parlait sans faire attention à moi. Son débit était clair et linéaire et je finis par reconnaître là le style de Howard Phillips Lovecraft qui ne m'était pas inconnu, mais ça n'était pas vraiment mon style littéraire préféré. L'homme écrivait d'une très belle écriture en même temps qu'il énonçait, et je pris la liberté de prendre une liasse de feuilles à côté de lui.

[…]

Je te raconte cela, mais est-ce vraiment le plus important ? Non, pas après ce que je vais te dire !
Après avoir vu le Français en blond, dans sa tenue de « Prince de la lune », je me disais que je l'avais déjà vu quelque part. Je me suis demandée un instant si ça n'avait pas été une vague connaissance de notre enfance, mais pas moyen de le remettre... jusqu'à ce que je passe la porte suivante dans ma nouvelle tournée. Ça n'était pas le dernier patient, mais celui le plus loin dans l'aile. Je ne suis pas en train de te dire que c'était lui, là, dans cette chambre, mais le patient qui était assis dans son fauteuil, face à la fenêtre, le regard dans le vide, y ressemblait étrangement. C'était le même, mais en moins musclé, en moins présent. J'en étais parfaitement troublée.
Je me suis dit que j'allais enfin apprendre quelque chose sur cet homme, au moins un nom, mais la seule chose qui était indiquée sur la fiche était des initiales : P. H. Je ne trouvais rien d'autre, ni nom complet, ni les détails des soins qui lui étaient prodigués. Il y avait bien des photos de différents lieux sur le mur, mais je n'en reconnaissais aucun.

Je m'attelais donc à la toilette de cet homme. J'avais bien essayé de discuter avec lui, mais il ne répondait pas, le regard toujours dans le vide. Je remarquais un étrange symbole sur son torse, je pense que c'est une marque de naissance plutôt qu'un tatouage, mais une marque aussi précise, ça relève de l’irréel tout de même...


#1 - Les liaisons dangereuses. Symboley
(Je te dessine ça de mémoire, tu t'en doutes...)


Est-ce que cet homme est le frère du Français ?... C'est bien là la seule explication plausible qui me venait à l'esprit. Et j'aurais pu vérifier les visites qu'il avait reçu si le calme était resté sur la clinique.
Alors que je finissais ma tournée avec un peu de retard, on entendit un cri d'horreur. Je fus rapidement sur les lieux. La scène n'était pas très agréable à voir, c'est le moins qu'on puisse dire. Une infirmière venait de retrouver Mathilde dans un débarras de la clinique. Morte, évidemment, et le sang recouvrait les murs comme des coulées, des projections.

[…]

La police fut rapidement sur les lieux, et on signala l'absence de deux malades, Adam et Joseph, qui furent tout de suite suspectés. Aucune trace d'eux dans la clinique, je me demandais bien ce qui avait pu se passer cette nuit.

[…]

**

Citation :
Correspondance inachevée (en allemand) - Passage plus ancien, griffonné dans une marge


Quand on était petit, je ne sais pas si tu te souviens, mais nous jouions souvent à la guerre, sans se douter que nous la verrions de nos propres yeux. Les jeux d'enfant n'ont rien à voir avec la réalité qui nous a brûlé l'esprit. Nous avons chacun vu les mêmes horreurs, mais à des moments différents. Tu voyais les plaies sur le moment, les vies partir sur l'instant, et je voyais plus tard ces mêmes plaies, ces corps traînés par leurs frères d'armes, agonisants jusqu'à ce que ce soit la fin. Si les premiers jours je pensais que je ne dormirais plus jamais, j'ai bien compris toute l'horreur de la situation en me rendant compte que je m'habituais. C'est cela l'horreur de la guerre : l'esprit s'habitue.
J'aurais donné n'importe quoi pour retrouver mes vêtements tâchés de boue, et le regard réprobateur de notre mère.

**

Citation :
Correspondance inachevée (en français) - Morceaux choisis


Qui peut se targuer d'avoir vu un match de boxe illégal ? Même toi je doute que tu puisses ! Sweeney m'avait convaincue de jouer l'infirmière pour lui ce soir là, et c'était la moindre des choses que je pouvais faire étant donné qu'il m'avait sauvé la vie à deux reprises.
On nous a donc conduit à travers les docks de sorte que personne ne puisse retrouver le lieu après cette soirée, et nous nous retrouvâmes dans un ancien hangar aménagé pour l'occasion. Des gardes étaient postés devant plusieurs portes et faisaient rentrer les gens suivant certains protocoles. Le ring ne ressemblait en rien à ce à quoi je m'attendais, surtout avec les fils de fer qui le bordaient. Je n'avais aucune idée quant à savoir si c'était la norme ou non, puisque c'était bien la première fois que je mettais les pieds là-dedans. Les spectateurs n'étaient pas communs non plus, on repérait parfaitement les gangsters, et le carré VIP dans lequel je remarquais Denitza. Elle tourna la tête vers les hommes qui l'encadraient, et je reconnu tout de suite les hommes qui accompagnaient le maharadjah au club impérial. Je doutais qu'elle soit venue de son plein gré, et je me tenais à l'écart.

J'allais plutôt voir le Français qui, cette fois, traînait avec un groupe d'étudiants. Il était beaucoup moins élégant que les autres soirs, avec de longs cheveux, des ongles crasseux... Je m'étais attendue à mieux, mais j'allais quand même à sa rencontre. J'étais curieuse de savoir si notre marché l'intéressait. Mais ce soir, il ne semblait pas d'humeur à jouer, et me rabroua rapidement. J'appris tout de même qu'il se faisait appeler Wilde ce soir là. Il me prévint néanmoins qu'il y allait avoir du sang ce soir, et que je ferais mieux de ne pas traîner dans le coin.
Déçue, je retournais voir Sweeney qui se plaignait d'un mal à l'épaule, le petit malin.

[…]

Phelps et lui paraissaient assez agités. Visiblement il y avait eu un changement dans les combats, et personne ne savait avec qui Sweeney allait combattre. Ils se doutaient néanmoins que ce serait avec le plus costaud de tous, celui qu'on appelait la Montagne.

[…]

Je n'avais jamais vu de Maori avant ce soir là, et j'espère qu'ils ne sont pas tous ainsi. Lorsque les deux combattants se sont placés sur le ring, j'ai cru que c'en était fini de Sweeney, et que nous ne sortirions pas vivants de cet endroit. Tellerman à côté paraissait plutôt exalté par la situation, contrairement à moi, et ne pouvait s'empêcher de commenter le match.

Le premier round était un tour de chauffe. Les deux adversaires se testaient, et j'étais toujours convaincue que Sweeney ne ferait pas le poids. Les bookmakers faisaient monter les paris, après tout, l'issue du combat semblait toute tracée.
Au second round, ça a commencé à faire mal... pour Sweeney, j'entends. Comme c'était prédit, le Maori cognait vraiment plus fort que lui. L'Irlandais a balancé quelques coups de poing bien placés, mais cela ne paraissait pas affecter le Maori. Cependant, la Montagne, elle, lorsqu'elle frappait... Sweeney a bien essayé de balancer un coup sur la tempe de son adversaire, mais non seulement il s'est blessé à la main en faisant cela, et en plus cela sembla amuser le Maori.
A la fin de ce round, je prodiguais quelques soins à Sweeney, ainsi que quelques conseils. J'avais repéré des anomalies pas très nettes chez son adversaire. Des muscles mal placés, par exemple... Rien qui ne semblait humain, mais je passais ce fait. Je lui conseillais donc de frapper au niveau du front, ou dans la nuque du Maori. Il me prit à nouveau pour une idiote, mais il comprit que c'était peut-être sa seule chance. Pour l'aider un peu, je sorti de mon sac un peu de cocaïne que j'avais piqué dans le bureau du médecin, et il finit par accepter d'en prendre.

Je pense que c'est le coup de fouet qui lui manquait. Sweeney n'avait pas eu l'air de me prendre au sérieux, mais il avait fini par suivre mes conseils et lui prodigua un des plus beaux coup de pied qu'il m'ait été donné de voir, à l'arrière du crâne. Un peu plus tard, un coup dans le font marquait la fin du match. Le Maori s'était effondré, mort. Le match no-limit avait prit une tournure insoupçonnée.

Dans l'euphorie du moment, figure toi que Tellerman a bien tenté de m'embrasser ! Quelle drôle d'idée ! Heureusement, j'ai pu l'esquiver à temps. Quel goujat ! Je me suis sentie obligée de le gifler pour que ça ne lui revienne plus à l'esprit...
Mais j'étais bien heureuse que Sweeney ait survécu à ce match ! Les coups échangés auraient été capables de tuer n'importe quel homme normalement constitué.

[…]

Comme il en avait pris l'habitude à chaque fois que nous le rencontrions, le Français s'était éclipsé. J'arrivais à savoir de la part d'un étudiant passablement alcoolisé que Wilde était parti avant le début du combat, plutôt énervé, surtout qu'il avait eu du mal à sortir du hangar. Il avait dû s'adresser au photographe « officiel » de la soirée afin de trouver un moyen de s'éclipser.
Ça n'augurait rien de bon pour notre sortie à nous...

[…]
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MessageSujet: Re: #1 - Les liaisons dangereuses.   #1 - Les liaisons dangereuses. Icon_minitimeMer 6 Fév 2013 - 11:41

Citation :
Fiche médicale - Extrait

Patiente : Sophie Legrand
Profession : Infirmière
Âge : 24 ans
Origine : Française 

Symptômes : Angoisses, cauchemars, insomnies.

La patiente a des discours incohérents à propos d'un dieu mystérieux, d'un vieil homme, et d'une créature de plusieurs mètres de haut. L'incident du métro en est probablement la cause.

**

Citation :
Correspondance inachevée (en français) - Morceaux choisis

J'en ai pleuré pendant des jours. Incapable de parler, de dormir, le moindre contact m'était insupportable. J'aurais aimé que tu sois là et que tu m'expliques que j'avais rêvé, comme lorsque nous étions enfants, et que la nuit je venais te retrouver. Car c'était cela : un cauchemar. Sauf que cette fois-ci, il était plus que réel.
Plus j'y repense, et plus j'ai l'espoir que ce que j'ai vu s'apparente à un tour que mon esprit m'a joué. Mais les jours ont beau passer, les souvenirs ne s'effacent pas. Le pire étant la nuit. Quand les lumières sont éteintes, chaque son me rappelle les bruits de cette cage.

[…]

Nous avions décidé de partir du match de boxe. L'ambiance était encore animée, mais nous voyions clairement qu'il ne restait plus vraiment de gens fréquentables. Il restait surtout des gangsters, et peut-être quelques étudiants. Avec tous ces gens absents, nous pouvions apercevoir Wallace, complètement saoul, parler avec Denitza dans un coin de la pièce, et à ma surprise, le médecin était là aussi, accompagné de quelques femmes. Deux d'entre elles parlaient d'ailleurs à deux hommes que j'avais l'impression de reconnaître. Cela me frappa deux secondes plus tard : il s'agissait de Joseph et Adam, les deux fugitifs de la clinique ! Que venaient-ils faire ici ? Et que savait le médecin ?
Qu'à cela ne tienne, j'allais lui toucher deux mots, laissant Sweeney avec les groupies qui ne cessaient d'affluer. Il me fit poliment la discussion, et quand je lui parlais d'Elizabeth Adler, il me laissa sous-entendre que lorsque l'on n'était pas en position de force, ou pas vraiment en règle, il fallait accepter certains faits, et certains travaux, sans poser de question. Son caractère sympathique s'effaçait de jours en jours. Il m'avait fichu dans ce pétrin, et je commençais à lui en vouloir ! Essayant de détourner cette conversation qui m'avantageait peu -car il était certain à présent qu'il savait !- je lui désignais les deux patients en escapade pour savoir s'il connaissait la raison de leur présence ici. Vu sa réaction, je compris qu'il ne les avait jusqu'à présent pas reconnus. Pire encore, il semblait avoir peur, et demandait à ses deux compagnes de partir, bien qu'elles ne semblaient pas l'entendre de cette oreille.
Si deux patients, aussi absents en journée, se transformaient en deux espèces de dandys en dehors de la clinique, bien habillés, bien coiffés, et si prolixes, n'était-il pas possible que le faux-Français que j'avais vu plus tôt soit en réalité le vrai-Français ?

[…]

Nous allions sortir de là ! La voiture de Phelps roulait vers la sortie de ce dédale lorsqu'une poutre de fer tomba sur le capot. Un peu sonnée, j'examinais Phelps qui avait sombré dans l'inconscience, mais il n'était pas mort. Sweeney me souffla de fouiller dans ses poches, mais je n'en eu pas vraiment le temps.
Des hommes s'approchaient de nous, soit disant pour nous aider, mais vu comme ils s'acharnaient à briser les vitres, j'avais comme un doute. Denitza fut happée et traversa la fenêtre sans que nous puissions réagir. On m'agrippa aussi une main, mais Sweeney fut prompt à me ramener dans l'habitacle de la voiture alors que Wallace continuait à dormir sur la banquette arrière. Autour de la voiture, on s'amassait pour briser les vitres. Je ne voyais rien, mais l'animosité était certaine tandis que les appels au secours de Denitza se taisaient. Finalement, Sweeney attrapa l'arme de Phelps et tira un coup dans le pare-brise en guise d'avertissement, et les hommes s'éloignèrent.

L'irlandais était sorti voir ce qu'il en était, mais nous ne voyions rien dans cette obscurité. L'adrénaline m'empêchait de trembler, mais je te jure que la peur ne faisait que grimper en moi. Quelques instants plus tard, une autre voiture venait nous éclairer, et devant la carcasse de notre véhicule s'arrêtait pour demander ce qu'il s'était passé.

[…]

La douleur que nous avait prodigué le flash de lumière s'amenuisait, mais j'avais toujours l'impression d'être aveugle. Je me réveillais en distinguant quelques ombres, quelques formes, mais il me faudrait encore plusieurs minutes avant de réussir à voir mon environnement, et encore plus pour me rendre compte que c'était réel. Un instant dans la voiture, et l'autre... ici.

Vêtue de haillons, j'étais enfermée dans une immense cage faite de... ronces métalliques. Je reconnaissais à mes côtés Sweeney, Denitza, Phelps, Tellerman, Joseph, Adam et les étudiants qui étaient arrivés pour nous aider. La cage bougeait, comme vivante, et derrière ces barreaux de fer, nos geôliers, une douzaine tous plus immondes les-uns que les autres, à l'air vaguement humain, nous regardaient avec envie, voire désir. Un seul parlait, un homme, vieux, peut-être avait-il dépassé les cent-trente années, je n'en savais rien, Erik, tout me paraissait tiré de mes pires cauchemars, même si je n'en avais jamais fait de tels. Je sais que tout ce que je vais te raconter va te sembler improbable, mais si je ne peux pas t'en parler à toi, à qui le ferais-je ? Et si je ne peux pas en parler, je crois que vais perdre l'esprit -si ça n'est pas déjà fait.

Nous étions sous terre. Du moins c'est ce que j'en déduisais dans cette pièce aux lourdes voûtes qui semblaient taillées à même la pierre. Les paroles du vieillard résonnaient, et au fond des tambours frappaient, lentement. La panique m'empêchait de comprendre ce qu'il disait, et au fond de moi, j'en étais presque fascinée. Car au fond de la pièce, si l'on passait devant l'étrange panneau métallique réfléchissant suspendu au plafond, et que l'on se dirigeait vers les hommes aux tambours, on pouvait voir une étrange statue trônant devant une arène improvisée. Je ne savais pas dire vraiment ce que cela représentait. De ce que j'en voyais, et ce que j'en verrai plus tard, je peux te dire que c'était une créature laide et monstrueuse. Un corps humanoïde possédant des ailes longues et étroites, des mains aux griffes longues et recourbées, et une tête qui n'était qu'une masse de tentacules. Je ne pourrais mieux te la décrire, car aucun mot ne me semble approprié pour t'expliquer la peur qui nous parcourait rien qu'en voyant cette sculpture. Et malgré tout, je ne pouvais m'empêcher de fixer ce spectacle, car des volutes verdâtres s'en échappaient.

Le noir. La cage bougeait, je l'entendais. Lorsque la lumière revint, deux hommes étaient dans une partie de la cage qui nous était fermée, comme un sas, qui s'ouvrit devant nos geôliers. Je compris que la cage était contrôlée par un de ces hommes et quelques manettes. Les deux prisonniers furent agrippés avec des sortes de longs bâtons avec un genre de pince pour les attraper par le cou et les tirer jusqu'à l'arène où ils étaient enchaînés à des piquets. Ils se débattaient étrangement, comme s'ils n'avaient plus aucune coordination.
Encore à présent, le vieil homme hante mes cauchemars. « Il est là. Il nous observe depuis la nuit des temps. Nous avons fait des rêves extra-ordinaires »

[…]

Un nouveau noir. La cage bougeait encore. Je ne savais ce que je devais faire : je voulais voir cette statue de plus près, mais la peur me rongeait le ventre. J'étais perdue. Lorsque la lumière se ralluma, Sweeney était dans le sas, avec un autre homme. Je l'enviais presque, mais m'agrippais aux barreaux pour voir, savoir, ce qui allait lui arriver. Arrivés devant la statue, et enchaînés comme de vulgaires animaux, une sorte d'hystérie violente anima les deux hommes qui commencèrent à se frapper. Sweeney finit par avoir le dessus. Il fut ramené dans la cage tandis que d'autres geôliers ouvraient le ventre de son adversaire, répandant ses tripes devant la statue. Les volutes envahirent la salle, et lorsqu'elle s'estompèrent, le corps n'était plus là.

Était-ce moi, ou bien la statue avait-elle grandi ?

[…]

Denitza, au milieu de l'arène, se débattait contre Adam. Les tambours s'intensifiaient, et elle le repoussait à chaque fois, semblant toujours plus intéressée par la surface métallique devant laquelle elle était déjà passée. Lorsque les tambours ralentirent, ils furent ramenés à leur tour dans la cage. Denitza essayait de rester devant la surface de métal, malgré les coups de fouet qui lui étaient donnés.
A nouveau derrière les barreaux, la roumaine faisait preuve d'audace en interpellant le vieillard. Elle lui parla du chien, ou du loup, celui-là même qu'elle craignait. Elle lui disait qu'il viendrait pour eux. L'homme eut presque l'éclat d'un doute, mais les tambours reprirent. Pour la faire taire, un de nos geôlier donna un coup de fouet qui s'enroula contre une des ronces métallique. Vif comme toujours, Sweeney récupéra l'arme et se tourna vers celui qui manipulait les manettes. Avant que le noir ne se fasse à nouveau, le fouet s'enroula sur une des manettes qui n'avait encore jamais été actionnée.
Dans le noir, la cage bougeait, et nous comprenions tous qu'elle s'ouvrait.

Je voulais récupérer une arme, quelque chose. Notre tas d'équipement était visible, pas très loin de la cage, mais à présent qu'il faisait noir, je ne savais plus. Je sentais le mur devant moi, et le longeais, jusqu'à sentir autre chose qu'un mur : un de nos geôliers. J'essayais de m'échapper, mais il voyait certainement mieux que moi dans l'obscurité. J'avais à mon tour droit à ce collier, cette pince étrange qu'on nous mettait autour du cou pour nous amener dans la cage. J'arrivais avec une épingle récupérée dans mes cheveux à crocheter discrètement l'étau et à m'en libérer, me laissant le champ libre pour courir. « Tant pis pour l'équipement ! », me suis-je dis avant de me diriger vers le couloir derrière la statue. J'espérais ne pas me tromper : il y en avait deux autres...

Malheureusement, difficile de voir le chemin que j'empruntais dans le noir, et je finis par trébucher dans une sorte de fossé. La lumière revint, et à nouveau nos geôliers revenaient avec leurs pinces. Je n'étais pas la seule à être tombée, Denitza et Tellerman aussi avaient trébuché avant d'atteindre le petit pont qui emmenait Dieu sait où...
A nouveau entravée, je m'essayais au même exercice que précédemment, et réussissais encore à m'échapper de cette étreinte. Cette fois-ci, je prenais le couloir à gauche de la statue, plus près. Toutefois, ma course s'arrêta lorsque je vis que le chemin continuait sous l'eau, à une profondeur dans laquelle je n'étais pas certaine de pouvoir m'aventurer. Tu sais que je n'ai jamais aimé nager... J'hésitais sur ce que je devais faire jusqu'à ce qu'une créature écailleuse, aux yeux rouges, sorti la tête de l'eau. Je reculais, et me retrouvais à nouveau face à mes geôliers que j'étais prête à suivre de bon gré cette fois. Ils ne m'enchaînèrent même pas, sachant peut-être que je pouvais retenter la même manœuvre.

Quand je retournais dans la grande salle, l'ambiance était différente. Le panneau de métal était tourné face à la cage, mais ça ne semblait alerter personne. On allait me remettre avec les autres, lorsque je décidais de hasarder mon regard sur ce que regardait Denitza avec tant d'intérêt sur cette masse de métal. J'en avais déjà tant vu en si peu de temps, que ce qui se tramait ne me surprenait même plus : un chien, enfin quelque chose qui y ressemblait vaguement, un quadrupède immonde dont la longue langue suintait d'une substance peu séduisante, sortait de cette surface aussi réfléchissante qu'un miroir. J'en informais mes geôliers qui furent paralysés par la peur.

La bête sorti du miroir et fixa Denitza avec avidité. La roumaine essayait de lui montrer la statue que nos surveillants nommaient Cthulhu, mais la créature ne comprenait pas. Le vieillard, près des tambours, ne réagissait même pas, fixant de ses yeux vides la statue qui paraissait encore grandir sans aucune logique. Le chien essayait de voir ce que lui désignait Denitza et s'attaqua à ce qu'il voyait de plus menaçant : quelques-uns de nos surveillants. Le massacre était peu ragoûtant, et j'essayais de ne pas regarder, mais il était difficile de ne pas voir que le liquide qui dégoulinait de la langue était un genre d'acide.
Aidée par cette scène hypnotisante, j'atteignis doucement le tas de notre équipement. J'avais bien pensé un instant aller ouvrir la cage, mais je ne savais si la bête était là pour tuer Denitza ou bien si elle lui obéissait. J'attrapais deux armes à feu, un coupe papier en argent, et un couteau que j'imaginais être un couteau de rituel. Après cela je fis la chose qui me paraissait la plus logique vu la situation : j'avançais un peu, un minimum à l'écart du chien qui s'était lancé sur la cage, essayant de la forcer, et tirais sur le vieil homme. Je ne pouvais m'attaquer à ce chien, mais je pouvais arrêter ces sacrifices au nom de ce qu'ils appelaient un dieu ancien. Et peut-être sauver ma peau. Je vidais le chargeur dans lequel il restait cinq balles, et le vieillard tomba.

Le chien commençait à crachoter sa salive acide sur la cage, l'entamant sérieusement, et certains de nos geôliers s'avançaient vers moi depuis qu'ils m'avaient vue tirer. Je courais vers le tunnel derrière la statue. Je voulais sauver ma peau...
Arrivée à l'entrée du tunnel, j'attendis. Je voyais les volutes vertes devenir bleues, et la statue se mit à bouger... J'espérais que les autres me rejoindrais, j'espérais comprendre ce qui se tramait... Mes poursuivants se mirent à chanter en s'agenouillant devant la statue, m'oubliant complètement, et à ma grande surprise, le chien disparu. J'attendis encore un peu, et à mon soulagement Denitza, Sweeney, Phelps et Tellerman approchaient. Même Adam et Joseph avaient réussi à s'enfuir. Mais la statue bougeait vraiment. La créature Cthulhu se réveillait.

[…]

Après le petit pont, il fallait traverser quelques couloir, esquiver une étrange fumée verte, comme celle des volutes, et puis escalader une paroi. Cette dernière étape fut la plus ardue, surtout que Cthulhu se rapprochait. Je ne pensais plus qu'à fuir cet enfer. Il avait d'étranges tentacules avec lesquelles il nous fit une démonstration de force sur la paroi que nous escaladions. Nous nous sommes retrouvés dans une salle en travaux, certainement dans le dédale du métro, et pensant être en sûreté temporairement, nous fouillions les lieux alors que Adam et Joseph partaient en courant. Il y avait quelques uniformes de travail -j'en enfilais un, des câbles électriques, et de la dynamite. Nous allions partir, mais Cthulhu se matérialisa au milieu de la pièce sans que nous puissions comprendre comment, rejetant Denitza pas loin de la paroi que nous avions escaladé. De là où j'étais, j'avais l'impression qu'elle allait mourir sans que je ne puisse rien faire. Et que pouvais-je faire, de toute façon ? Contourner cette monstruosité qui faisait bien sept mètres de haut ? Non, non, je ne pouvais pas, et amorçais une manœuvre de recul. Denitza me semblait perdue, et c'était peut-être mieux pour elle que d'être, comme nous, poursuivie par cette créature.

Sweeney était certainement une meilleure personne que moi, puisqu'il demanda à Phelps, animé par une étrange hystérie, de nous gagner du temps. Je n'ai jamais compris cet homme, mais je crois qu'il cherchait à venger sa femme... Enfin, c'est ce que je pouvais en déduire vu ce qu'il murmurait en jouant avec la dynamite dans les mains. Pour lui, il était hors de question de reculer : il voulait tuer cette monstruosité qui avait tué sa femme. Tellerman sorti avec moi de la pièce, et Sweeney ramassa une brouette pour transporter Denitza. J'entendais Phelps insulter Cthulhu pour avoir son attention. Je ne voulais pas me retourner.
L'explosion fut violente. Sweeney nous avait rattrapé, et le corps de Denitza me laissait peu d'espoir de la retrouver, mais un peu plus loin, après avoir grimpé à une échelle -la seule sortie qui s'imposait à nous, je pris le temps de voir si je pouvais faire quelque chose pour elle. Ce fut difficile, mais elle reprit conscience, presque miraculeusement.

Nous pensions pouvoir souffler. Comment cette créature aurait pu avoir survécu à cette explosion ? C'était impossible ! Et pourtant, des volutes vertes revenaient. Nous devions courir à nouveau, en aidant Denitza à nous suivre. Il fallait traverser les rails du métro en espérant qu'aucun ne surgirait du tunnel, et enfin, peut-être, atteindre le quai, et puis la surface. Et j'en étais certaine, je ne sais pourquoi : à la surface, je serais en sécurité.
Mais Cthulhu était encore là. Un battement d'ailes et il nous rejoignit, moins grand que précédemment... Le roulement du métro se faisait entendre. Sweeney grimpa sur le quai, nous aida à monter, et le métro déboulait, prenant Cthulhu en pleine face, déraillant sous le choc. Les cris, le tumulte, la confusion... La violence de l'impact ne me laisse en mémoire qu'un silence imaginaire où croule la douleur des gens dans la rame, comme après une première vague d'explosion. Le calme avant la prochaine rafle.
Et encore, ces volutes vertes. On entendait les voyageurs agoniser, leur vie absorbée par cette créature qui reprenait peu à peu de la consistance.
Je n'en pouvais plus. Je voulais être en sécurité. J'attrapais Tellerman, et l'entraînais avec moi vers l’extérieur. Sweeney nous suivait, mais fit demi-tour au dernier moment pour aider Denitza qui était obnubilée par Cthulhu. Ils assénèrent le dernier coup à ce dieu ancien en l'électrocutant avant qu'il ne reprenne forme.

[…]

Je pensais que me retrouver à la surface me réveillerait. Je pensais me retrouver dans mon lit, avec en tête les images d'un affreux cauchemar. Mais la réalité me frappait, car la surface ne m'apportait aucune sécurité.
Que se trame-t-il dans le noir ?...

[...]
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