Un message de Dona Lena Grudzola parvient à Sleipnir. Elle le presse de venir à la principauté indépendante de Linéato pour enquêter sur la mort suspecte de sa mère. Elle suggère dans sa lettre de revêtir un habit de médecin par souci de discrétion. Linéato est dirigée par un conseil de patriciens dont Dona Lena, propriétaire d’une mine de pierres semi-précieuses, fait partie. Dona Lena, dans la fleur de l’âge, se révèle être d’une extraordinaire beauté. Ses cheveux noirs et lisses ramenés en une chaste couronne ceignant sa tête ne suffisent pas à dissimuler la braise qui couve dans son regard. Sleipnir l’interroge sur sa mère afin de mieux cerner le problème. Dona Daria est morte subitement, la nuit, après plusieurs jours de fièvre et de cauchemars. Elle était margoulière de la Vieille école. Récemment, toute la production a été vendue à un certain Tancred. Raphaël et Louisa sont ses autres enfants. Don Pietro, le mari de Dona Daria, est mort asphyxié dans la mine avec 3 autres hommes il y a 8 ans. Le médecin Don Grasso a examiné le corps de Dona Daria sans rien déceler d’anormal.
Les hautes murailles qui ceignent la cité sont gardées, et tandis que Sleipnir fournit un laisser-passer, le sergent l’avertit des lois extrêmements sévères de la cité où seules 3 peines sont appliquées : exil, pilori et bûcher. A la morgue, Sleipnir détecte d’infimes traces de malédiction sur le corps de Dona Daria. Don Clohan a pris soin de maquiller le corps. Sleipnir rencontre au temple Monseigneur Tarot, prêtre de Waukin, qui l’entretient des affaires du bourg. La Vieille Ecole est une institution qui accueille les enfants des patriciens. Elle est dirigée par Dona Ovesta et administrée par 3 margouliers :
- Don Breno Di Fuore
- Dona Nascita Spita
- Feu Dona Daria Grudzola dont le successeur n’est pas encore désigné.
Don Breno a fait restaurer les murailles, c’est le richissime propriétaire de la carrière de marbre. La sœur de Dona Lena Gruzola, Dona Sienna, a épousé Don Vino Di Grappa il y a 8 mois. En accord avec les lois de la cité concernant la séparation des familles de patricien, elle a été déshéritée. L’auberge du Malandrin qui tousse offre à Sleipnir de belles prestations dont le prix est à la hauteur. Sleipnir se rend à la Vieille Ecole et rencontre la ravissante Dona Ovesta, tigresse à l’oeil sévère, au chignon impeccable et dont les vêtements sont assez près du corps pour ne laisser aucune place à l’imagination.
Sleipnir rend visite à Don Bréno sur la muraille mais n’apprend rien de plus. Il repère un individu qui le suit et choisit la confrontation. Parcourant des ruelles propices à une attaque, son sixième sens le fait brusquement se reculer alors que la pointe d’une lame passe de justesse entre son menton et sa pomme d’Adam. Sleipnir focalise son esprit sur sa force vitale grâce à une technique secrète, puis concentre toute son énergie dans son poing qu’il propulse vers sa victime dans un coup capable de vaporiser de la pierre. La mâchoire ne résiste pas à la violence du choc, elle est pulvérisée et projetée sur le mur où les fragments de dents et d’os creusent de petits cratères d’impact auréolés d’une fine brume sanguine. Médusé par la béance qui vient de remplacer le bas de son visage, sa langue affolée cherchant un contact familier mais ne rencontrant que du vide, l’individu s’enfuit en émettant un son guttural inarticulé. Sa piste mène à la rivière, à proximité de la Vielle Ecole. Une grille se découpe dans la rive rocheuse. Le souterrain se révèle truffé de monstruosités morts-vivantes. L’une d’elles est le professeur de danse qui abusait de parfum pour cacher sa puanteur cadavérique.
Sleipnir découvre un conduit rempli de champignons donnant sur une cuisine d’anthropophage. Plusieurs dizaines de silhouettes encapuchonnées psalmodient en choeur autour d’un brasero. Ils se ruent sur Sleipnir qui pare chaque coup avec brio, anticipant, utilisant l’inertie de l’un pour contre deux autres. C’est couvert de sang et de sueur qu’il émerge de la pièce, le pas assuré. Sleipnir évite un piège acide en produisant un son destructeur pour l’entité gélatineuse agressive qui tente de le dissoudre. Plus loin, une sorcière immonde, vêtue comme Dona Ovesta, est surprise en plein rituel de magie noire. Sa suprême laideur assaille Sleipnir comme aucune lame ne l’avait fait jusqu’à présent, mais il se fait violence et, au prix d’un suprême effort de volonté, parvient à défaire la créature. Des documents révèlent ses plans de domination sur la cité.